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LA PRIVATISATION DE L'ARCHÉOLOGIE

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LA PRIVATISATION DE L'ARCHÉOLOGIE Empty LA PRIVATISATION DE L'ARCHÉOLOGIE

Message par cpqt Lun 03 Fév 2020, 23:15

En archéologie, un fossé entre les «savants» et les «entrepreneurs»
Stéphane Baillargeon
30 janvier 2020 - https://www.ledevoir.com

L’archéologie québécoise devient un champ de bataille. Le petit milieu s’enfonce dans une guerre de tranchées qui oppose les archéologues des universités aux fouilles dites de consultation ou commerciales, sur fond de manque d’encadrement et de budget de l’État. Les savants réclament davantage de recherches scientifiques et de nouvelles balises légales pour orienter les chantiers dans ce sens. Les petites compagnies privées défendent leurs pratiques dans des conditions de sous-financement, dénoncées par ailleurs.

« Les analyses sont importantes et c’est peut-être ce qui est le plus négligé à l’heure actuelle au Québec », résume Pierre Desrosiers, qui a travaillé pendant des décennies, jusqu’en 2016, comme archéologue à la Direction du patrimoine au ministère de la Culture et des Communications. « La faille n’est pas unique au Québec, mais elle semble particulièrement importante ici. Les lois favorisent les fouilles, mais elles n’encouragent pas suffisamment les analyses. »

L’actualité montre des conséquences de cette apparente négligence de la recherche scientifique.

Le ministère de la Culture et des Communications a diffusé à la mi-janvier le rapport d’un laboratoire de dendrochronologie contredisant une équipe de fouille qui prétendait avoir mis au jour les vestiges de la palissade de Beaucours de Québec, datant de 1693. L’annonce en grande pompe de la découverte à l’automne 2018 avait attiré la ministre de la Culture, le maire de Québec, Régis Labeaume, et le premier ministre, François Legault. Le Devoir révélait mercredi la controverse autour du sort scientifique et éthique réservé à des cerveaux et d’autres restes humains du XIXe siècle découverts l’été dernier dans un ancien cimetière de Québec. Près de vingt universitaires ont écrit au ministère de la Culture pour dénoncer la situation, et la compagnie responsable des fouilles a répliqué par une mise en demeure de s’excuser.

Des entrevues avec une douzaine d’archéologues des deux « clans » ont permis de déterrer d’autres cas qui soulèvent des problèmes. La Maison des marins du Musée d’histoire et d’archéologie de Montréal aurait été fouillée « à la hâte » à l’été 2011, dit un professionnel au fait du chantier, analyse confirmée par un autre professionnel qui travaillait alors à l’établissement muséal.

« L’agenda était extrêmement serré et le client pressait la firme d’archéologie d’activer les choses, a raconté le premier. Les artefacts ont été déterrés, mais les couches ont été fouillées très rapidement, à la pelle mécanique, sous pression. »

Un autre cas provient de Sorel-Tracy, où des fouilles réalisées en 2013 et en 2014, dans le cadre de la construction d’un nouveau centre de détention provincial, ont permis de découvrir des vestiges préhistoriques vieux de 4000 ans. Les archéologues ont excavé plus de 3700 mètres carrés sur une profondeur de 30 centimètres.

« On a décapé le sol à la pelle mécanique, dit un archéologue qui a réclamé l’anonymat, comme plusieurs personnes interviewées. Le chantier s’est étendu sur plusieurs semaines, jusqu’au temps froid. Les travailleurs devaient tamiser des blocs de glace, ce qui ne donne rien. […] On met la pression sur les firmes, on tourne les coins ronds. Et pourquoi ? Parce qu’on est dans un système clientéliste et néolibéral, très peu régulé. »

Soyons réalistes

Les compagnies privées qui réalisent les contrats n’apprécient évidemment pas ces reproches. « Présentement, il y a une grande campagne de salissage de la part du milieu universitaire à l’égard des firmes qui oeuvrent dans le domaine, dont la mienne », écrit au Devoir Désirée-Émmanuelle Duchaine, directrice de Truelle et cie inc., responsable des fouilles du cimetière de Québec. Il s’agit de sa seule réponse laconique aux demandes d’entrevue.

L’archéologue François Véronneau en rajoute. « Je comprends la vision des universitaires : ils sont en recherche pure, dit le chargé de projet, qui a travaillé pour plusieurs compagnies du secteur. Nous, on intervient sur plein de chantiers, et pas toujours dans des conditions optimales et à peu près toujours dans le cadre d’aménagements. Oui, c’est de la recherche, mais c’est surtout du sauvetage, avec des budgets limités. On va à l’essentiel. L’analyse se fait dans le cadre du rapport remis au ministère. »

Le professeur Érik Langevin connaît bien les deux faces de la pièce archéologique. Il a longtemps travaillé comme archéologue à forfait. Il dirige maintenant le laboratoire d’archéologie de l’UQAC.

« C’est un petit monde et il manque d’argent, dit-il en reprenant l’exemple de la palissade. Ce qui devrait nécessiter plus de prudence et de temps sort extrêmement rapidement. Ça va même souvent à l’encontre de ce qu’on nous enseigne, fait de patience et de prudence. On dirait parfois qu’il faudrait avoir les résultats avant même de commencer à creuser. »

La nouvelle Loi sur le patrimoine culturel (2012) semble accentuer le problème en transférant aux municipalités certaines responsabilités dans l’encadrement des fouilles. Seulement, les subventions d’accompagnement sont aussi rares que maigres et elles obligent les villes à avancer elles-mêmes la moitié du budget des fouilles.

« L’archéologie fait partie du patrimoine culturel que les villes doivent apprendre à gérer, dit Pierre Desrosiers. À Québec ou à Montréal, ce n’est pas compliqué, puisqu’elles emploient des archéologues qui savent intégrer l’archéologie dans le développement. Dans le reste du Québec, c’est souvent le néant. Plusieurs municipalités préfèrent donc ne rien faire, comme ce sera sans doute le cas pour le patrimoine bâti : il y a trop peu d’argent et le dossier devient trop lourd à gérer pour la majorité des municipalités du Québec. »


10 000 SITES
Il y a entre 8000 et 10 000 sites archéologiques au Québec. Québec distribue en moyenne environ 200 permis de recherche archéologique par année. En 2018-2019, 6,8 millions de dollars de fonds publics et privés ont été investis dans des interventions archéologiques. L’archéologie québécoise se divise en deux mondes interconnectés, celui de l’archéologie universitaire, laquelle est pratiquée par des professeurs, et celui de l’archéologie contractuelle, laquelle est effectuée par des firmes privées.

Il existe deux champs de spécialités, préhistorique (pour l’ère précolombienne) et historique (pour la période euro-américaine, à compter du XVIe siècle).

Le secteur est régi par la Loi sur le patrimoine culturel. Le Règlement sur la recherche archéologique encadre la recherche, notamment par la délivrance de permis de fouille.

Les contrats sont accordés de gré à gré (moins de 25 000 $), sur invitation à un concours (de 25 000 $ à 100 000 $) ou par appel d’offres public pour les plus grands chantiers.

Quelques dizaines d’archéologues fouillent les sites pendant les six à huit mois de dégel. Ils travaillent souvent dans des conditions pénibles, sont peu payés, souvent à environ 20 $ l’heure, soit moins qu’un manoeuvre sur un chantier de construction.


Une archéologie en ruine
Pierre Cardinal
Ancien coordonnateur du Laboratoire d’archéologie de Montréal
3 février 2020 - https://www.ledevoir.com

L’aboutissement de la crise de l’archéologie québécoise, esquissée à grands traits par le journaliste Stéphane Baillargeon dans Le Devoir du 30 janvier, était écrit dans le ciel, depuis déjà une trentaine d’années.

Dans les années 1990, on a assisté à une privatisation tous azimuts dans les divers secteurs du patrimoine, à Montréal comme ailleurs.
Ce vent néo-libéral a causé l’atomisation de de la discipline archéologique, qui s’est vue morcelée en une myriade de compagnies du secteur privé, qui s’entre-déchirent pour obtenir au plus bas prix une constellation de petits contrats souvent mal planifiés et aux méthodologies disparates. Les premiers à souffrir de cette situation sont les professionnels et les techniciens de l’archéologie, qui doivent vivre avec des budgets presque toujours faméliques et qui sont privés des cadres de référence structurés qui permettraient d’unifier et d’enrichir la recherche archéologique.

L’archéologie ne devrait pas être une discipline à but lucratif, d’abord parce que les sommes budgétaires qu’on lui consacre annuellement sont trop faibles, mais aussi parce qu’elle doit bénéficier d’une coordination centrale dans chaque région. Car rares sont les problématiques de recherche et d’intervention qui peuvent être étendues à un territoire aussi vaste et diversifié que le Québec. Pourtant à Montréal, au début des années 1980, l’Entente MACQ-Ville de Montréal sur la mise en valeur du Vieux-Montréal et du patrimoine montréalais avait confié la réalisation de toutes ses interventions archéologiques à un mandataire institutionnel unique, le Musée du Château Ramsay. Ce musée avait créé un groupe de recherche et d’intervention sous l’égide du Laboratoire d’archéologie de Montréal.

Ce laboratoire avait pour mission de réaliser la programmation archéologique conçue par l’entente MACQ-Ville dans l’arrondissement du Vieux-Montréal, puis à partir de 1989, sur l’ensemble du territoire de la ville. Le Musée, par l’entremise de son coordonnateur, élaborait ces mandats d’archéologie, engageait des chargés de projets et supervisait une équipe de soutien. Enfin, il coordonnait les travaux ainsi que les problématiques de recherche et la rédaction des rapports. Quant au Musée, il faisait des avances de fonds, payait les comptes et distribuait les payes. Il bouclait aussi la gestion administrative en ne prenant qu’une commission de 30 % sur les devis.

Virage

Mais ce Laboratoire a été fermé en 1990, à la suite du virage à 180 degrés de Montréal, qui du jour au lendemain lui a coupé tous les budgets de l’entente. La Ville s’est alors retournée vers l’entreprise privée, contribuant de manière non négligeable à créer la crise qui est aujourd’hui celle de l’archéologie au Québec.

Dans l’ancien système du mandataire unique, tous les intervenants trouvaient leur profit, l’entente MACQ-Ville autant que le Musée mandataire, et ce, malgré sa faible majoration, si on la compare à celles de 125 % à 200 % que prenaient les firmes privées à l’époque. Quant à la quinzaine d’archéologues professionnels et d’assistants du Laboratoire de Montréal, ils travaillaient à l’année, disposaient de beaucoup plus de temps qu’au privé pour les fouilles, les recherches ou les rédactions et, surtout, pouvaient compter, grâce à la mise en commun des ressources et à l’absence de profits, sur toute une infrastructure de services. Le pactole quoi, si on compare aux conditions misérables dans lesquelles travaillent aujourd’hui fréquemment les employés des firmes privées d’archéologie.

Mentionnons aussi que ce cadre plus stable était favorable à l’élaboration de problématiques de recherches en archéologie, comme celle du développement des services publics à Montréal, et à l’établissement de partenariats avec des Universités, comme celui qui commençait à s’établir en 1989 avec des spécialistes de l’histoire urbaine de l’UQAM.

Mais n’en doutons pas, l’archéologie, à Montréal notamment, est devenue une ruine à côté de ce qu’elle a déjà été… Il n’empêche que, pour résoudre la crise actuelle de l’archéologie, il serait sûrement utile de s’inspirer de la pratique de cette discipline à l’époque de l’entente MACQ-Ville de Montréal. Les archéologues montréalais, les bureaux régionaux des Ministères, les Services de la Ville de Montréal, les universités et un musée y trouveraient sûrement leur compte. Et sans doute aussi, les firmes d’architectes, les promoteurs immobiliers et les entrepreneurs, qui ont tout intérêt à faire affaire avec une seule agence archéologique expérimentée et aux reins solides…

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