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Bacon, autoportrait à vif en soixante tableaux
Bacon, autoportrait à vif en soixante tableaux
Source : http://www.lefigaro.fr/culture Le 16/09/2008
Mesdames et messieurs, Londres vous présente Francis Bacon (Dublin 1909-1992 Madrid). Un jeune artiste, fougueux et frondeur, et un maître ancien, coloriste virtuose, architecte de la composition et du mouvement captif. Un homme d'une sensibilité de fleur et un sauvage des îles qui dévore son prochain.
Le diable irlandais de la peinture aurait eu 100 ans. Son cadeau d'anniversaire posthume est beau comme un poison, comme les élixirs des alchimistes qui brillent de tout leur vert et leur violet qui hypnotisent, brutalisent et séduisent par la même formule secrète, puis tuent lentement, comme l'angoisse des nuits blanches ronge le pauvre mortel.
Pour cette première rétrospective en son île depuis 1985, la Tate Britain reprend le sujet national à bras-le-corps (sa première Crucifixion de 1933 appartient à la star de l'art contemporain, Damien Hirst !). La vénérable institution, blanche et paisible comme un vieux musée anglais, éclaire l'odyssée trop connue de Bacon le terrible à la lumière crue des archives de son atelier, découvertes après sa mort en 1992. Classique dans son accrochage sur des cimaises encore à taille humaine, elle le classe arbitrairement, mais avec clarté en dix thèmes, de « Animal » à « Epic » et « Late », comme une leçon de choses apprise directement chez l'artiste.
En 65 œuvres dont treize triptyques magistraux (splendide Three Studies for Figures at the Base of a Crucifixion, 1944, achat de la Tate en 1953), la force de l'œuvre au noir s'impose comme une trappe. Malgré les précédentes rétrospectives à Paris ou à Bâle, elle continue de surprendre par sa métamorphose incessante. On en verra des gueules hurlantes, des corps soumis au couteau du boucher, des cages qui ne laissent qu'une porte étroite à la condition humaine.
L'union des contraires
Dès la première salle, l'œil est soumis à un choc bipolaire. L'orange pimpant d'un fond intemporel, gentiment anonyme, jure avec le grotesque du personnage masculin, couché comme une bête sous son vilain manteau à chevrons et le parapluie de tout Britannique qui se respecte (Figure Study II, 1945-1946, Huddersfield Art Gallery).
L'homme est animal, et sa fin aussi saignante, prévient cette rétrospective qui, accumulation des œuvres et répétition des thèmes aidant, laisse étourdi par la violence du peintre et son mariage insistant du beau et du sinistre. Preuve immédiate ? Voici Head II, homme ou bête réduit à une mâchoire cannibale qui crie de peur ou de victoire sur un fond gris de cave, comme une réminiscence de la jungle et du Blitz sur Londres en guerre (huile de 1949, Ulster Museum de Belfast, Irlande du Nord). L'union des contraires peut être sacrilège, comme ce premier pape d'une longue série inspirée de l'Innocent X de Vélasquez. Le violet soyeux de la mante, l'or crépusculaire des repentirs n'atténuent pas l'horreur du visage, béant et blême comme un spectre au sang bleu (Head VI, 1949, Arts Council Foundation, Southbank Center, Londres).
Le revoici, cet innocent suprême peint en coupable éternel, docte ricaneur posé sur le sol rouge d'un pub anglais, avec son visage de singe hurleur, ses dentelles au blanc mat et crayeux (Study after Velasquez, 1950, collection Steven Cohen, le magnat de la finance new-yorkaise et gloire nouvelle de Greenwhich, Connecticut). Celui d'Aberdeen, peint en 1951, est grotesque comme une tête sculptée en olive par une tribu primitive. Celui de Des Moines Art Center (Iowa), peint en 1953, a les mains cramponnées sur son trône en forme de gondole, le blanc de sa robe évoquant plus la maladie et le linceul que la pureté virginale.
L'animal est plus beau dans sa puissance pure. D'une incroyable virtuosité, le Chimpanzee de 1955 empoigne par sa vitalité sombre tout l'espace de sa cage, fait bouger la nuit par sa diagonale du mouvement et l'oblique des touches en pluie noire sur le fond marine et vert foncé comme un tartan écossais (Staatgalerie, Stuttgart). Condamné pour obscénité en 1954, les deux amants pâles couchés dans l'herbe drue sont en fait une référence aux lutteurs de Muybridge, photographe du mouvement et de sa décomposition qui inspira beaucoup Bacon. Tableau violent, touchant, qui résume à lui seul les tourments de ce peintre des écorchés vivants.
Le triptyque russe
Imposant dans son halo verdâtre de tombe, ce triptyque (Triptych, 1976) de Francis Bacon trônait comme un présage funeste en mai chez Sotheby's. Sorti de la collection bordelaise des Moueix par l'expert Grégoire Billault, ce tableau très dense laissait perplexe à la première lecture, tant le peintre irlandais a accumulé là les symboles de son propre mythe. Estimé autour de 70 millions de dollars, il a décroché à 86,281 millions de dollars, le record absolu pour l'artiste et pour une oeuvre contemporaine. Coup de théâtre : le lendemain, on apprenait que cette fresque avait été achetée par Roman Abramovitch et sa compagne Dasha Zhukova, 26 ans. La jeune femme ouvre ce soir un centre d'art contemporain en plein coeur du Moscou constructiviste. Ce tableau, exposé à Londres, est attribué à une « collection particulière », donc anonyme.
À la Tate Britain, jusqu'au dimanche 4 janvier. Tous les jours, de 10 heures à 17 h 50. Nocturne, premier vendredi de chaque mois (dernière admission, 21 heures). www.tate.org.uk
La Tate Britain consacre une rétrospective saisissante au peintre irlandais.
Mesdames et messieurs, Londres vous présente Francis Bacon (Dublin 1909-1992 Madrid). Un jeune artiste, fougueux et frondeur, et un maître ancien, coloriste virtuose, architecte de la composition et du mouvement captif. Un homme d'une sensibilité de fleur et un sauvage des îles qui dévore son prochain.
Le diable irlandais de la peinture aurait eu 100 ans. Son cadeau d'anniversaire posthume est beau comme un poison, comme les élixirs des alchimistes qui brillent de tout leur vert et leur violet qui hypnotisent, brutalisent et séduisent par la même formule secrète, puis tuent lentement, comme l'angoisse des nuits blanches ronge le pauvre mortel.
Pour cette première rétrospective en son île depuis 1985, la Tate Britain reprend le sujet national à bras-le-corps (sa première Crucifixion de 1933 appartient à la star de l'art contemporain, Damien Hirst !). La vénérable institution, blanche et paisible comme un vieux musée anglais, éclaire l'odyssée trop connue de Bacon le terrible à la lumière crue des archives de son atelier, découvertes après sa mort en 1992. Classique dans son accrochage sur des cimaises encore à taille humaine, elle le classe arbitrairement, mais avec clarté en dix thèmes, de « Animal » à « Epic » et « Late », comme une leçon de choses apprise directement chez l'artiste.
En 65 œuvres dont treize triptyques magistraux (splendide Three Studies for Figures at the Base of a Crucifixion, 1944, achat de la Tate en 1953), la force de l'œuvre au noir s'impose comme une trappe. Malgré les précédentes rétrospectives à Paris ou à Bâle, elle continue de surprendre par sa métamorphose incessante. On en verra des gueules hurlantes, des corps soumis au couteau du boucher, des cages qui ne laissent qu'une porte étroite à la condition humaine.
L'union des contraires
Dès la première salle, l'œil est soumis à un choc bipolaire. L'orange pimpant d'un fond intemporel, gentiment anonyme, jure avec le grotesque du personnage masculin, couché comme une bête sous son vilain manteau à chevrons et le parapluie de tout Britannique qui se respecte (Figure Study II, 1945-1946, Huddersfield Art Gallery).
L'homme est animal, et sa fin aussi saignante, prévient cette rétrospective qui, accumulation des œuvres et répétition des thèmes aidant, laisse étourdi par la violence du peintre et son mariage insistant du beau et du sinistre. Preuve immédiate ? Voici Head II, homme ou bête réduit à une mâchoire cannibale qui crie de peur ou de victoire sur un fond gris de cave, comme une réminiscence de la jungle et du Blitz sur Londres en guerre (huile de 1949, Ulster Museum de Belfast, Irlande du Nord). L'union des contraires peut être sacrilège, comme ce premier pape d'une longue série inspirée de l'Innocent X de Vélasquez. Le violet soyeux de la mante, l'or crépusculaire des repentirs n'atténuent pas l'horreur du visage, béant et blême comme un spectre au sang bleu (Head VI, 1949, Arts Council Foundation, Southbank Center, Londres).
Le revoici, cet innocent suprême peint en coupable éternel, docte ricaneur posé sur le sol rouge d'un pub anglais, avec son visage de singe hurleur, ses dentelles au blanc mat et crayeux (Study after Velasquez, 1950, collection Steven Cohen, le magnat de la finance new-yorkaise et gloire nouvelle de Greenwhich, Connecticut). Celui d'Aberdeen, peint en 1951, est grotesque comme une tête sculptée en olive par une tribu primitive. Celui de Des Moines Art Center (Iowa), peint en 1953, a les mains cramponnées sur son trône en forme de gondole, le blanc de sa robe évoquant plus la maladie et le linceul que la pureté virginale.
L'animal est plus beau dans sa puissance pure. D'une incroyable virtuosité, le Chimpanzee de 1955 empoigne par sa vitalité sombre tout l'espace de sa cage, fait bouger la nuit par sa diagonale du mouvement et l'oblique des touches en pluie noire sur le fond marine et vert foncé comme un tartan écossais (Staatgalerie, Stuttgart). Condamné pour obscénité en 1954, les deux amants pâles couchés dans l'herbe drue sont en fait une référence aux lutteurs de Muybridge, photographe du mouvement et de sa décomposition qui inspira beaucoup Bacon. Tableau violent, touchant, qui résume à lui seul les tourments de ce peintre des écorchés vivants.
Le triptyque russe
Imposant dans son halo verdâtre de tombe, ce triptyque (Triptych, 1976) de Francis Bacon trônait comme un présage funeste en mai chez Sotheby's. Sorti de la collection bordelaise des Moueix par l'expert Grégoire Billault, ce tableau très dense laissait perplexe à la première lecture, tant le peintre irlandais a accumulé là les symboles de son propre mythe. Estimé autour de 70 millions de dollars, il a décroché à 86,281 millions de dollars, le record absolu pour l'artiste et pour une oeuvre contemporaine. Coup de théâtre : le lendemain, on apprenait que cette fresque avait été achetée par Roman Abramovitch et sa compagne Dasha Zhukova, 26 ans. La jeune femme ouvre ce soir un centre d'art contemporain en plein coeur du Moscou constructiviste. Ce tableau, exposé à Londres, est attribué à une « collection particulière », donc anonyme.
À la Tate Britain, jusqu'au dimanche 4 janvier. Tous les jours, de 10 heures à 17 h 50. Nocturne, premier vendredi de chaque mois (dernière admission, 21 heures). www.tate.org.uk
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